La Femme Samaritaine
D’après le Saint Évangile de Saint Jean 4 : 4 – 42
Le Fils de Dieu dit à la femme Samaritaine,
Qui était allée puiser l’eau au bord du puits :
« J’ai soif ! » Elle pensa ‘Il ne sait pas qui je suis’
Les Juifs ne se mêlant pas aux nations lointaines!
Ni à la proche Samarie, ville ennemie, placée
Entre Judée et Galilée. Jésus s’assit,
Fatigué du voyage et des cœurs endurcis,
Au bord du puits de Jacob, père de Manassé.
Elle dit : « Tu me parles? Toi ! Au lieu de m’être hostile!
Tu me demandes à boire? Cela est bien étrange!
Pour ne pas me haïr, il faudrait être un ange! »
Jésus sembla lui trouver un air puéril.
Il se mit à l’aimer; désira son salut :
‘Je veux la libérer des scandales qui l’étonnent!
Elle a l’air si perdu; je voudrais qu’elle raisonne.’
« Si tu savais le don que Dieu fait aux élus!
Si tu savais quel cadeau le monde a reçu!
Si tu savais! C’est toi qui m’aurais demandé
À boire, et volontiers je t’aurais accordé
Une eau vivante et pure que le Père a conçue. »
« Le puits est profond, vous n’avez même ni de seau
Ni de corde, monsieur, afin de pouvoir puiser!
La soif vous aurait-elle à ce point épuisé?
Verriez-vous dans cette eau mirages, îles et vaisseaux ? »
« L’eau dont tu parles, madame, très vite se tarit.
Celui qui en boit cherchera toujours ailleurs
À étancher sa soif, aspirant au meilleur.
La soif du corps diffère de la soif de l’esprit.
Mais l’eau vivante, précieuse et gratuite, que je donne,
Seule est en mesure de bénir l’humanité.
Quiconque en boira, connaîtra la vérité.
Il viendra pour renaître, vers moi qui pardonne.
Il n’aura plus jamais soif de l’eau de ce monde.
Il construira dans mon Royaume un ministère
Éternel dans les cieux. Sa demeure sur la terre,
Éphémère, en multipliera les grâces fécondes. »
Elle ne comprit pas tout à fait, mais elle lui dit :
« Donnez-moi donc de cette eau-ci pour que je puisse
Boire, sans que je me fatigue et sans que je hisse
Mon seau dans ce puits, en pleine chaleur de midi. »
« Non, n’épargne pas tes forces : Puise, hisse et travaille.
Ne te méprends pas sur mes paroles, attention!
Ne crois pas que chômer soit dans mon intention.
Montre-moi ton mari avant que je m’en aille.
Va me l’appeler, s’il te plaît, ensuite reviens. »
« Je suis célibataire, je n’ai pas de mari. »
« Tu en as eu cinq déjà; l’homme que tu nourris,
À présent, ma chère dame, n’est que ton concubin!
Ta franchise n’a pas su taire la réalité.
Tu n’as pas de mari, c’est vrai, tu as souffert.
La femme qui, mal-aimée, est en proie à l’enfer,
Confond toutes les valeurs, ignore la vérité. »
« Je vois que vous êtes un homme extraordinaire.
Vous n’êtes pas banal comme le commun des mortels,
Nos pères sur cette montagne ont élevé des stèles,
Vous dites qu’à Jérusalem soit le sanctuaire?
Je ne doute pas du tout que vous soyez prophète.
Dites-moi donc comment faire? Où faut-il adorer?
Dans la ville? Sur les monts? Dans les bois? Dans les près?
En quels lieux? En quels temps? Quels cultes? Quels rites? Quelles fêtes? »
« Hélas, madame, vous adorez tellement de choses
Que vous ignorez. Imitez notre exemple.
Le salut vient des Juifs, ce n’est pas le temple
Qu’il faut adorer, mais Dieu qui en est la cause.
Adorez en prières, ou en actions de grâces.
Peu importe en l’adorant le lieu extérieur!
Le Père les veut en Esprit, ses adorateurs!
Dieu est Esprit, Tout-Puissant, Saint, Vrai et Vivace.
Qu’on l’adore donc en Esprit et en Vérité.
Il aime être glorifié par les gens sincères.
Il les appelle, les émonde, se lève et les sert.
Car ils savent le rendre fier de leur liberté. »
« Moi, je sais qu’un Messie nommé le Christ viendra. »
« C’est moi-même qui te parle! » Sur ce, viennent du marché
De la ville ses disciples : Ils s’étonnent du cliché...
Sans l’interroger : « Maître, mange. » « Non, il faudra
Que je mange une autre nourriture, différente
De celle-ci. Vous ne la connaissez pas. Pourtant,
Vous vous demandez ‘qui m’a nourri? Qui j’attends?’
Je dois juste faire la volonté prépondérante
De Celui qui m’a envoyé. Ma nourriture
Est de faire ce qu’Il veut en appelant à Lui
Ceux qui, ne le connaissant pas, se sont réduits
À l’esclavage, à la mort, à la pourriture. »
La femme après avoir sa cruche abandonnée,
Courut vers Sichar, la ville où elle annonça
Aux gens : « Venez voir un homme qui me retraça
Mes secrets, jusqu’au moindre détail il connaît.
C’est Lui le Messie, à coup sûr, sans aucun doute! »
Ils sortirent de la ville pour aller à l’endroit
Où Jésus était. Ils eurent en Lui une grande foi.
Ils dirent : « C’est le Sauveur! Heureux ceux qui l’écoutent! »
Ils le prièrent de demeurer un peu chez eux.
Il les exauça et prolongea son séjour
À Sichar, où l’on reçut son message d’amour
Et l’on y crut en Lui, Jésus-Christ Fils de Dieu.
© Laïla Farès 2009